pauline sauveur

questionner les liens entre corps et espace(s)

désir nu

Il était une fois, il y a bien longtemps, dans un pays lointain, une vieille vieille grille au fond du jardin. Elle gardait la porte de la cave, une vieille vieille porte en bois d’une vieille vieille cave. Dans ce jardin, vivait une femme qui la trouvait jolie. Il faut dire que cette grille avait pris forme il y a plus longtemps encore, barreaux après barreaux, tressée 

de petits carreaux rouillés maintenant. Cette femme, bien sur, avait un prince amant charmant. Ils vivaient heureux depuis longtemps, ils avaient déjà beaucoup d’enfants, des petits, des grands, plein la maison à côté du jardin.
(…)
Finalement, le rosier fatigué par tant d’aventures se coucha sur le sol et l’homme regardé se retourna.
Il posa la pioche et s’approcha de la porte et de l’ouvrage en métal la protégeant.
« Tiens, je l’avais oubliée, notre vieille grille. » qui rosit sur le champ.
Il descendit les trois marches et attrapa deux barreaux.
Faisant l’idiot il cria. « Aah ! Laissez-moi sortir  !  »
La grille sourit mais ne bougea pas. Alors il se retourna, dos aux barreaux tièdes, il en agrippa deux plus hauts et continua. « Aaaah, fait moi mal baby… » L’idiot quoi.
Pour la faire rire, pour lui voir briller les yeux. Mais l’amante charmée point ne riait. Elle se mordait la lèvre et le charmeur prit un drôle d’air.
(…)
La vieille grille voyait grandir le désir, vriller sans limite, puis s’épancher doucement à ses pieds. Les corps se retrouvaient, couvés d’un regard partagé, le moelleux avec le moelleux, les lèvres avec la peau, les os entre eux s’en frottaient les mains.
Ça ressemblait…
Aux deux tartines bien grillées de ce matin, sur la table, sous la treille, un peu plus loin. Chaud pareil.
(…)

désir nu, volume n°138
livre d’artiste
une photo brodée et une nouvelle sensuelle
aux éditions Poïein
25 euros