pauline sauveur

questionner les liens entre corps et espace(s)

a nul-le autre pareil-le

Lorsque j’ai lu Presqu’îl-e, en vérité c’est Pauline qui le lisait. À haute voix. Pauline Sauveur, son autrice. Lorsque j’ai entendu Presqu’îl-e pour la première fois, « il » et « elle » avaient la voix de Pauline. Et c’était déjà très troublant, d’en connaître la genèse et les protagonistes. D’en savoir plus que le lecteur lambda. C’était troublant d’avoir été là, dès le début : quand ce n’étaient presque que des fragments. Quand l’île n’avait pas encore été débarrassée du pont qui la reliait à son passé. Pauline lisait : non seulement les dialogues, par étapes du projet, mais ses propres interrogations qui venaient se mêler au processus. De sorte que la schizophrénie se doublait d’une troisième voix. Que la transformation ne concernait pas seulement « l’île originelle », mais aussi la femme qui avait habité en Finlande, sur cette presqu’île où aurait pu vivre sa grand-mère.
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Laurent Herrou, 23 mars 2024

Très heureuse que le texte critique écrit par Laurent Herrou sur ma pièce Presqu’îl-e soit maintenant accessible sur le site d’Artcena. Lui qui connait la genèse de ce projet, commencé en 2013, sur l’invitation de la personne entamant sa transition de genre. Le projet a pris son temps, passant des notes et des photographies prises durant presque 2 ans, à la forme littéraire, pour aboutir à la forme théâtrale. Chaque étape a contribué à faire murir le propos.
Écrire, pour moi, c’est d’abord se relire, pour supprimer ce qui se répète, ce qui alourdit. Et puis cette fois, ce fut aussi et surtout l’envie de trouver le rythme du dialogue, de la répartie, en regard avec le parcours de transition.
Et Laurent parle aussi de tout ça. Son texte est un élément de plus sur lequel la pièce pourra prendre appui pour se tenir, se faire comprendre. C’est un accompagnement. Et c’est précieux.
Merci Laurent.

La pièce est disponible chez votre librairie préférée ou sur le site des éditions Quartett !

(un clic sur l’image vous amène sur le site d’Artcena)

Dans un dialogue, lorsqu’il y a une confiance, on peut se demander. Ce que tu veux être. Comment ça va se passer pour toi. Comment ça se passe pour toi, quand on assiste au processus. Comment tu deviens ce que tu es. Comment, en te soustrayant à toi-même, tu t’augmentes. Combien les mathématiques ne sont pas des sciences exactes, pas plus que l’administration ou la médecine ne sont fiables à moins qu’on ne les pousse dans leurs retranchements.
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