Ça déborde.
T’as pas froid ?
Y a des journées à y passer pour être élastique comme ça, y a bien des heures et du courage.
Il la suit des yeux. Elle a les deux mains réunies face aux grands yeux riants ouverts. Elle déploie sa jambe et le pied au bout, lentement. Ses mains s’envolent en miroir des siennes, anciennes. Les yeux dans les yeux. L’arche des bras embrassent l’air autour. Et la douceur lente des cheveux qui se posent sur la peau de sa main qui maintient son corps en appui.
Bonjour !
Enchantée !
Oh, il y aura un coup de pied dans la figure si ça s’trouve, ‘faut lever la jambe hein !
Elle est souple, dites.
Le type il s’élance et le truc il déborde.
Vous voulez un poème ? Je vous offre un poème.
Ah non non, je préfère être tranquille, excusez-moi.
Je vous laisse tranquille ?
Oh oui, vaut mieux. C’est fermé c’est cassé.
Non non. Oui oui, j’en ai vu assez.
Je parle et je dis qu’ça pleut.
Odette en bleu.

Corpus, c’est le projet que nous menons dans un ehpad, avec Louise Cazy, danseuse et fondatrice du Collectif Mondo.
Et je suis très heureuse de travailler, jour après jour et séjours, les textes et les images, qui naissent de ces moments partagés. Entre la salle de télé, le coin lecture, le salon des familles, l’atelier et l’accueil, le réfectoire ou le jardin. Nos lectures, la musique, ses danses et les rires, des regards et des mouvements en douceur.



Et à la pause de midi, installées dans la cour de l’établissement, on est passée dire bonjour aux jolies vaches installées juste dans le champs à coté, alors que les pique-boeufs s’envolaient par vagues au-dessus de nos têtes, comme les mouettes au bord de l’eau de la mer : )