des fois je fais des cauchemars.
Parfois c’est violent, sanglant, terrifiant au-delà des paupières fermées, au-delà du sommeil et de mes capacités. Et je me demande pourquoi les scènes gores sont liées au boulot. Des accidents, des catastrophes, des éliminations. Il s’agira donc toujours de ça : me débarrasser, évacuer, tuer les choses inutiles pour avancer. Et parce que je ne dors plus mais que ça continue, je dis à mon amie dans le rêve parallèle d’arrêter ce film débile, parce que j’essaye de gagner du temps dans l’autre rêve, même si il sait bien que je le baratine et que ça ne changera rien et que même ça le fais sourire vu il a tout son temps c’est pas comme moi. Il y a presque chaque fois à côté, un rêve parallèle qui dédramatise comme il peut en racontant que c’est un reportage insoutenable ou un film d’horreur que je regarde par erreur que je pourrais mettre sur pause.
Alors des fois je me lève et je regarde depuis la fenêtre de la chambre de ma grand-mère les lumières de la ville, les affiches des films de la semaine, les enseignes et les rues vides, les quelques voitures. Parfois il y a un magasin de location vidéo et bonbons en libre service, ouvert 24/24, proximité du cinéma oblige. Et tard dans la nuit je me résous à agir, je pars à la recherche de tous les réglisses salés vendus (34 sortes, plus toutes les autres, pas remarquées lors du premier raid). Trois exemplaires de chaque au minimum. Un pour gouter, un pour gouter mieux et un si j’aime. Mais j’aime. Presque toujours. Ainsi, parfois je passe la nuit et les suivantes à faire une analyse hautement rigoureuse et scientifique et graphique et gustative détaillée.
Puis des fois je me dis que 10 ans après les cauchemars sont ce qu’ils sont et merci aussi pourquoi pas.