pauline sauveur

questionner les liens entre corps et espace(s)

dans la maison

Le poids de la construction
d’un versant l’autre pèse sur ses fondations.
Le panneau à vendre s’affadit aux intempéries et rien ne bouge.
L’air stagne de pièces vides en lieux béants, dans l’absence et l’oubli.
Elle avait été.
L’adresse d’une famille, le refuge, le théâtre, et la coquille.
Elle avait été.
Habitée.
Une maison simple et jolie.
Un petit cube, un sucre dans la prairie.
Sans arbres ni de clôture,
et de la boue partout autour.
La première à sortir de terre.
Le nom des pièces brillait dans le noir.
La boue autour du rêve.
L’usure n’est pas encore là.
Fermettes graphiques
en bois d’allumettes.
Clos couvert.
On n’aura plus froid.
Longue est l’attente.
Boyaux, tripes et tuyaux.
Corps de métiers, cœur de bâtiment.
Il y en a toujours un qui ment.
Elle parait toute petite maintenant.
Tout semble fait, tout reste à faire.
Travaux forcés.
Seuls.
Le rêve reprend
La maison et ses abords, sa terrasse,
une haie sur deux cotés, un fruitier un sapin.
Demain on emménage
il sera chez nous le bonheur.
Les cartons, les affaires, les objets,
les histoires, plein les pièces humides.
On aère on aère
mais le cours de la vie reprend.
Qu’est-ce que tu crois ?
Être soi.
Peut-être…
L’apparence se négocie d’une absence.
Mais dedans, le vide ou la fièvre.
Ou la glace et le froid.
Est-ce bien sûr que je suis là ?
Plonger.
Les yeux dans les yeux de l’immensité.
Plus loin, plus haut.
S’éloigner.
Presque.
Mes pieds ballants au-dessus du vide.
L’air à la limite de mes doigts.
Je devine les autres sur la place.
Qui toujours veulent.
Tellement.
(…)

« dans la maison » assemblage d’extraits de 6 nouvelles sur nos façons d’habiter les maisons.

Carnet « j’attends » à remplir par les visiteurs