pauline sauveur

questionner les liens entre corps et espace(s)

Lecture en maison d’arrêt et Permutations école jardin – Chaumont #7

Pour l’après midi doucement l’émotion particulière se déploie le lieu oui mais plus intimement le texte rendez-vous à la maison d’arrêt rencontre lecture à nouveau cette étrange sensation d’une surveillance et d’une gestion réglementaire qui serait pourtant familiales de l’entrée et des passages par les portes verrouillées dévérouillées, revérouillées. L’émotion qui est du trac et autre chose aussi parce que le texte que je viens lire est presque premier avoir choisi de lire ce qui n’a jamais été lu parce que des volontaires se sont inscrit décidée à venir avec ce qui aura une incidence donner quelque chose de réel enjeu en je en jeu l’histoire d’une naissance à travers un drôle de rêve parfois mauvais souvent même.
Ils sont quatre hommes nous sommes trois femmes et je sens que ma voix déraille en commençant à dire avant de lire et trouver le ton que ce texte fait dans ma tête.
Le voyage le trajet j’espère que je vous ai embarqué loin dira l’un ah oui dira un second trop loin même dira l’autre et on en rit parce que c’était une sorte de constatation de voyage à revenir à cette table pour moi et à plus que ça pour eux chacun et celui qui n’a pas parlé tout de suite.
Les photos du brise-glace qui est dans le texte plein la table les livres et Désir nu livre culotte que chacun regarde solitaire pendant qu’ensemble avec les autres on discute.
La trace de plâtre sur les fissures de la porte voûtée plein cintre de pierres emmurée blindée de métal maintenant. Les barreaux s’oublient puisqu’on les voit peu dans la salle mais les lames effilées du barbelé me frappent à chaque fois au-dessus de nos têtes au moment de sortir par la dernière porte du mur d’enceinte.
Le lendemain matin un appel de l’institutrice on maintient je dis je vous suis de toute façon puis effectivement découvrir l’étendue de la pluie qui persiste et se renforce une moitié des élèves sera à l’abri accueillie dans l’école proche et les autres nous attendent déjà ça crie du haut du jardin on est à nouveau ravis de se trouver là vaguement abrités par les auvents des cabanes à outils. Chacun a ses affaires extraites de l’école pour être installées ici lieu au choix et je me précipite avec l’appareil dès que l’une ou l’un a terminé et appelle il pleut sans discontinuer manteau ouvert j’y protège dès que je peux mon appareil qui prend l’eau sans râler.
Il fait froid et je tape des pieds.
La maman qui accompagne sourit la maîtresse rigole moi aussi les élèves aussi sauf ceux qui sont sérieusement concentrés. Je suis admirative de leurs installations ils ont exactement compris cette chose que c’est de poser un élément dans un lieu et d’organiser en dialogue.
Le geste la liberté la projection et le principe de réalité avec ce qu’on a dans les mains et l’immense envergure de ce qu’il est possible d’imaginer, je crois que j’y projette le corps et notre condition même, humaine. La respiration que c’est de poser, ça, là, exactement, sans que personne n’ait rien à y redire, mais tout à y voir. Courir sous la pluie tous ensemble rend le moment intense et vivant on ne peut pas être qu’à moitié sous la pluie on est tous bien là.
Une vingtaine de Bic sur le banc en pierre et leur répartition aléatoire mais en tension à équidistance les uns des autres, la petite diagonale des surligneurs au centre de la hutte, sourire de la boîte qui se prend pour un nid dans les branches, s’étonner de l’assemblage entre les deux noisetiers, de l’empilement de manuels scolaires qui prennent l’eau déjà, prendre en photo les mains vos mains voilà de chaque côté de ce qu’ils ont installé sur les plateaux extérieurs des abris à outils.
sauveur pauline permutations école Chaumont résidence d'auteure
Tout le groupe repart et nous attendons les grands. Leurs installations diffèrent très attachés à ce qu’ils ont mis au point au préalable le matériel sert à plusieurs il faut attendre que chacun ait fini et que la photo soit prise. Les objets se conjuguent différemment les empilements s’équilibrent et signifient on est proche de la sculpture parfois tour immeuble personnage bombe de dessin animé.
sauveur pauline permutations école Chaumont résidence d'auteure

Quelle chance ils ont ces gamins d’avoir leurs deux maîtresses aussi engagées à les seconder les tirer les pousser leur apprendre leur montrer les accompagner entières qui les regardent aussi qui ouvrent leurs yeux sur chacun et qui découvrent et accueillent aussi elles acceptent d’être étonnées d’en apprendre. Quelle chance. Cette complicité qui n’est jamais donnée d’avance et là le plaisir qu’on a partagé.