pauline sauveur

questionner les liens entre corps et espace(s)

Donc il y avait un chemin

« Elle chante pendant que j’envoie des messages parce que la voiture n’a pas d’huile et que le voyant moteur vient de s’allumer. C’est un voyant rouge et ce n’est pas ma voiture, alors je me suis garée et je demande conseil par SMS.

Ma maman chantonne mais elle s’énerve et lève la voix quand je lui dis qu’elle n’a pas travaillé si longtemps que ça en Finlande, parce que deux ans c’est pas beaucoup et elle m’engueule parce que quand même ça n’a rien avoir avec le temps là-bas, comment peut-on vivre avec si peu de retraite par an ? C’est n’importe quoi, je dis n’importe quoi !

Visiblement la voiture n’a plus d’huile et le garage providentiel qui se présente devant nous est ouvert d’ordinaire le samedi mais pas cette fois-ci. Alors, on a marché jusqu’au café du centre ville. Il n’y avait plus aucune raison de se presser.

Je demande au patron si un autre garage se trouve dans les environs, sinon j’envisage d’aller à pied jusqu’au supermarché sur la rocade à quelques kilomètres. Un client attablé devant son verre pose des questions puis explique qu’il en a, lui, de l’huile et qu’il habite bien moins loin que le supermarché, bon même si c’est vrai que vous êtes jeune, ça fait une trotte, et le voilà parti chercher le fond de bidon qui nous permettra de repartir confiantes. Je lui ai offert un café mais je pense après coup qu’il aurait préféré un second verre de blanc pour accompagner celui qu’il sirotait juste avant.
(…) »

ce qui reste / nos routes dérobées
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