pauline sauveur

questionner les liens entre corps et espace(s)

une critique de presqu’îl-e

« Lorsque j’ai lu Presqu’îl-e, en vérité c’est Pauline qui le lisait. À haute voix. Pauline Sauveur, son autrice. Lorsque j’ai entendu Presqu’îl-e pour la première fois, « il » et « elle » avaient la voix de Pauline. Et c’était déjà très troublant, d’en connaître la genèse et les protagonistes. D’en savoir plus que le lecteur lambda. C’était troublant d’avoir été là, dès le début : quand ce n’étaient presque que des fragments. Quand l’île n’avait pas encore été débarrassée du pont qui la reliait à son passé. Pauline lisait : non seulement les dialogues, par étapes du projet, mais ses propres interrogations qui venaient se mêler au processus. De sorte que la schizophrénie se doublait d’une troisième voix. Que la transformation ne concernait pas seulement « l’île originelle », mais aussi la femme qui avait habité en Finlande, sur cette presqu’île où aurait pu vivre sa grand-mère. Dans le texte, on parlait de transformation, certes, mais on retenait aussi « ce qui reste ». Mitä jää. La langue s’en mêlait, ce finnois imprononçable qui avait besoin de se dire pour arrêter quelque chose : un flux, une pensée, un questionnement, les poings sur la table ou à se taper la tête avec, tant les gens ne comprennent pas parfois.

De quoi « îl » retourne.
(…) »

Laurent Herrou
23 mars 2024

Très heureuse que ce texte critique, par Laurent Herrou soit publié sur le site de littérature contemporaine remue.net, avec lequel nous avons plusieurs fois collaboré. Il revient sur l’origine du projet, sa genèse à partir des différentes parties qui l’ont constituée, qui se sont mêlées puis effacées pour certaines, passant des notes au journal, des fragment au récit, jusqu’à devenir une pièce, où des personnages dialoguent, dans un monologue à deux voix.

« Il y a plusieurs manières de lire Presqu’îl-e

Son titre, déjà. Cette île qui s’invite, ce féminin qui perd son « e », le circonflexe qui demeure : on y est presque mais pas tout à fait. Il reste quelque chose encore, de l’avant. Il reste quelque chose de soi, forcément, dans la transformation.
(…) »

Laurent Herrou
23 mars 2024

La pièce est maintenant disponible, depuis ce mois octobre 2024, aux éditions Quartett, accompagnée d’une préface d’Arnaud Maïsetti. A retrouver chez votre libraire préféré-e !