pauline sauveur

questionner les liens entre corps et espace(s)

mouvement – journal de résidence #2

Mercredi 16 novembre

Pour le mois de novembre, ce sont les élèves et l’école qui m’accueillent.
Demain aura lieu la seconde première rencontre avec la classe de CM2.
Jeudi 10 novembre, pour commencer, c’était la classe de CE2-CM1.

J’arrive au portail à 8h20 et c’est la cohue joyeuse comme toujours le matin à l’entrée des écoles. Il y a une grande cour, légèrement en pente, avec une lanière de terrain, de la pelouse et plusieurs arbres. Chaque fois la configuration de ces espaces collectifs m’interpelle, m’intéresse et m’inspire des envies de végétation, de forêt, de relief, de circuits et d’aménagements.

Une fois dans la classe les élèves prennent place, et pour la lecture que je vais faire, je leur propose de s’installer encore mieux : confortablement. Alors la maitresse mentionne les coussins au fond de la classe et c’est l’envolée des enfants moineaux ! Je trouve fabuleux qu’il y ait de quoi s’installer aussi bien.

Je leur lirai les micro-poèmes du Cœur de caramel, et après la récréation, Les poissons rouges dans la ville.

Puis on s’est assis en cercle, par terre, pour faire passer les livres, les déplier (deux de mes livres photos sont des accordéons longs) expliquer, poser des questions et poser des réponses. Ils se sont également assis sur les tables, pieds sur leur chaise. C’est un tour de passe-passe que j’aime bien, tout le monde se retrouve à l’envers, le tableau et le bureau de la maîtresse dans le dos. Petite façon de surplomber les choses, la classe, leur sac, les adultes, et le plaisir de s’assoir sur la table, comme une surprise. Ce qui permet de parler d’architecture, de l’espace que l’on connait, que l’on oublie, des verbes voir et concevoir.

Au retour de la récréation avec une part de gâteau dont l’achat soutien la caisse de la coopérative de l’école, il y a eu les poissons rouges et les verbes oranges. Une pioche toute simple, un carnet de petites feuilles carrées, et c’est parti pour une série de verbes de mouvement.

La sélection est large, j’ai préparé des colonnes dans mes pages et des pages dans mon dossier, avec tous les verbes que j’aime, qui racontent un rapport à l’espace : déplacement, positionnement, geste, action, relation. Puis j’ai agrémenté fort largement ma liste grâce à la base de données DinaVmouv, mise en place par deux chercheurs de l’université de Toulouse, Dejan Stosic et Michel Aurnague.

J’explique que je voudrais qu’ils imaginent le mouvement qui correspond au verbe, et qu’ils le dessinent au feutre. Alors les feuilles se couvrent de silhouettes de toutes tailles, de pictogrammes de petites personnes qui bougent dans tous les sens, qui avancent et descendent, montent, enjambent et volent, déménagent, plongent et décanillent, flânent ou crapahutent et se transforment en cheval pour mieux galoper.

Je suis émue et touchée et je souris de toute cette poésie pleine d’énergie qui se dessine dans chacune de leur proposition. Je sais que la salle à côté de la classe nous attend, pour les prochaines expérimentations : on pourra y installer les chaises comme autant de modules à partir desquels interagir. Pour illustrer autrement les verbes, trouver d’autres approches, de nouvelles images, de meilleures idées. Et ça me ravit tout autant.

Résidence programme ciclic / auteur-autrice associée / FOL18 – ligue de l’enseignement du Cher