pauline sauveur

questionner les liens entre corps et espace(s)

presqu’îl-e à France Culture

Et voilà : )

Ce fut un petit périple que de venir la veille, de prendre le train, puis le métro le lendemain, pour arriver à la Maison de la Radio en chantier. Passage en direct programmé à 8h50. J’ai été accueillie à l’entrée et on est allées se perdre dans les couloirs pour arriver à la cabine technique, de l’autre coté du studio d’enregistrement. Lumière baissée et grande concentration de chaque personne présente, un thé, une gourde d’eau fraiche et du temps, pour écouter la fin de l’entretien avec l’anthropologue iranienne Chowra Makaremi, qui parle de la situation en Iran et présente son livre Femme ! Vie ! liberté ! Échos d’un soulèvement révolutionnaire en Iran aux éditions de la Découverte en septembre 2023.

Écouter attentivement, suivre les minutes sur l’horloge digitale qui marque aussi les secondes, logique. Le stress n’est pas là, c’est autre chose et c’est tant mieux. Je suis exactement là où je veux être, dans les conditions que je souhaite, à propos d’un projet que je porte depuis 10 ans. Je suis concentrée, attentive. Et j’entre dans le studio à l’occasion du lancement des infos (il me semble) pour plonger dans le moment et les matins d’été.

C’est une belle expérience de 9 minutes. C’est très agréable de parler sans casque, devant un micro précis sur lequel je n’ai pas besoin de me pencher. Je peux l’oublier, et parler en confiance, avec en tête, mon mot d’ordre intérieur : soit directe, pas besoin de rajouter ni de bifurquer, souple, souple sur les pattes arrières. J’ai prévenu en off, que je pleure d’un œil parce que la douleur à l’arrière du crâne ne me lâche pas vraiment depuis des semaines, c’est comme ça. Je me dis, c’est moins cinématographique que celles de sang du méchant dans James Bond, mais je vais faire avec.

J’ai pensé, comme à mon habitude je ne vais pas vraiment contrôler ce que je dis, je sais que je vais être dans l’instant, engagée, et que je ne garderai qu’un souvenir assez flou de ce que j’aurai raconté (heureusement le podcast est une bonne chose !)

Je me demande quelles informations seront données, est-ce qu’un livre ou deux sera mentionné ?

Je pense au presque chuchotement que je veux avoir à la fin de la scène que je lirai (1 minute et 27 secondes) sachant qu’il sera audible. Avec ce souvenir de tant de voix et d’histoires à la radio qui m’ont touchée, accompagnée par cet espèce de vertige diffus, parce que cette fois-ci je suis de l’autre coté, parce que je m’adresse à d’autres humains, invisibles, occupés, distraits ou attentifs, en train de bosser déjà ou à peine levés, ce qui m’incite à la douceur.

(Et les messages des proches arrivent, une fois descendue au café juste au pied de la maison de la radio, de celles et ceux qui avaient programmé l’écoute et celles et ceux qui ont découvert la chronique à l’heure du petit déjeuner. La dopamine, un bon café et le soleil sur l’oreille auront raison de la douleur, ça aussi c’est tant mieux : )

(La photographie de l’article, recadrée en paysage pour l’occasion, est issue de la longue série Les chaises sont des fenêtres comme les autres, celle-ci et quelques autres s’intitulent Cérémonie seule. Merci Laurent Herrou, pour le verre en vrai cristal, rempli de faux champagne (de l’eau et une goutte de café, à cette distance, les bulles on s’en fout) merci pour le sentier en face de chez vous, et l’air de piano que tu répétais et qui m’accompagnait ce matin-là.)

Pour écouter c’est là :

Nouvelles écritures théâtrales, Pauline Sauveur à la Mousson d’été